L’écologie culturelle est notre seul espoir
Entretien avec Patrick Scheyder
Patrick Scheyder est un pianiste professionnel qui crée des spectacles musicaux au cœur de la nature depuis plus de dix ans.
S’il ne l’avait pas prémédité, jouer du piano en plein air lui apparaît aujourd’hui comme un acte militant, celui de sensibiliser son auditoire à la nécessité de réparer notre relation au monde. Il développe sa pensée dans un Manifeste qui appelle à forger une écologie culturelle et publiée en partenariat avec le média L’ADN.
Pour ses créations, Patrick Scheyder a exhumé de l’histoire des textes engagés pour la cause écologique, peu entendus, voire méconnus. Ces derniers sont lus par des comédiens tels que Michaël Lonsdale, Denis Podalydès ou encore le paysagiste Gilles Clément.
Fin connaisseur de l’histoire de l’écologie, il a publié plusieurs ouvrages sur le sujet dont Des jardins et des hommes et Pour une pensée écologique positive. En avril 2022, il propose une anthologie des Écrits sur la nature de George Sand et Des arbres à défendre, George Sand et Théodore Rousseau en lutte pour la forêt de Fontainebleau (1830 – 1880), deux livres parus chez Le Pommier.
Pour ses créations, Patrick Scheyder a exhumé des textes engagés pour la cause écologique, peu entendus, voire méconnus. Ces derniers sont lus par des comédiens tels que Michaël Lonsdale, Denis Podalydès ou encore le paysagiste Gilles Clément.
C'est le paradoxe du siècle : nous savons que la catastrophe écologique est là, mais il ne se passe pas grand-chose ! L'Écologie culturelle propose une voie inédite pour dépasser ce paradoxe et s'approprier l'écologie au travers de la culture, ciment de la société. L'Écologie culturelle vise à dépasser la peur du changement, à situer l'écologie dans une continuité et non dans une rupture anxiogène. Car l'écologie sera culturelle ou elle ne sera pas.
L'écologie fut la grande absente de cette élection présidentielle. Avant même les résultats du second tour, il faut constater l'échec de l'écologie politique. L'urgence climatique ne faisant que s'aggraver, il nous faut donc trouver d'autres moyens pour opérer l'indispensable transition. Ce Manifeste pour une Écologie culturelle, tente de proposer une autre voie, une manière de contribuer au récit de la transition. Pour mieux la faire advenir.
Et si nous transformions notre relation à l’environnement devenue mortifère, en un échange constant, à bénéfice mutuel ? C’est l’invitation de Patrick Scheyder. Parce que les plantes, les arbres, les forêts et les animaux ont "fait" l’humain, une existence harmonieuse avec la nature est encore possible.
Loin des discours dramatiques ou des incantations, ce plaidoyer convaincant pour une écologie bienveillante nous rappelle que la pensée écologique n’est pas née d’hier, qu’elle nous accompagne depuis Aristote. Une balade philosophique et écologique à travers les siècles pour atteindre la sagesse, qui n’est rien d’autre que l’harmonie retrouvée avec la nature.
Quoi de commun entre le comédien Michael Lonsdale, le biologiste Jean-Marie Pelt, le sociologue Edgar Morin et le paysagiste Gilles Clément ? Leur amour des jardins, qu'ils veulent défendre et promouvoir. Chacun raconte, dans ce beau texte, très personnel, la relation qu'ils entretiennent avec le jardin. En fonction de leurs domaines respectifs, de leur personnalité, de leur histoire, ces quatre personnalités portent sur les jardins des regards très différents.
Les œuvres de Léonard de Vinci ne cessent de fasciner les foules. Cet ouvrage interroge le lien entre Léonard de Vinci et la nature qui l’entoure et dont nous retrouvons la présence diffuse dans ses tableaux mondialement connus. Découvrir les détails des tableaux ou les croquis préparatoires pour mieux saisir les pensées de Vinci, consignées dans ses carnets. Quelques thématiques traitées : Le peintre philosophe, Vinci jardinier, L'étude du vol des oiseaux, Vinci et la cause animale, Vinci et la botanique...
La nature, George Sand la connaît bien. Sa curiosité s’étend aux oiseaux, aux papillons, aux fossiles. Sa plus belle preuve d’amour pour la nature : une série de textes qu’elle écrit pour la protection des forêts, et notamment celle de Fontainebleau. Dans une tribune parue dans le journal Le Temps en 1872, elle pose le problème de la déforestation dans les termes actuels de l’écologie politique.
Si, en 1830, elle défendit la cause des femmes, en 1848, la République, son dernier combat, en 1872, sera en faveur de la nature. Écoféministe avant l’heure, George Sand ? C’est cet aspect de son œuvre que Patrick Scheyder se propose de faire découvrir dans ce recueil de ses textes les plus importants consacrés à la nature.
Les Parisiens qui profitent des charmes de la forêt de Fontainebleau ignorent souvent qu’ils la doivent à une sorte de ZAD (« zone à défendre ») d’artistes constituée au XIXe siècle par les peintres de Barbizon, soutenus ensuite par la célèbre romancière George Sand.
Dès les années 1830, l’État décide d’abattre des arbres centenaires et de planter à leur place des pins, de meilleur rapport. Des jeunes gens s’élèvent contre cette décision et entendent bien lutter, au nom de l’art, pour préserver la forêt. Tout comme les actuels faucheurs de maïs OGM, ils vont la nuit arracher les pieds de pin !
S’ensuit une habile campagne de presse menée par ces activistes, qui, à la stupéfaction générale, l’emporteront. Le premier espace naturel protégé au monde est né à Fontainebleau en 1861, une dizaine d’années avant celui de Yellowstone aux États-Unis (1872). Mais quand, à partir de 1872, l’État est de nouveau prêt à raser des parcelles pour payer les dommages de la guerre de 1870, c’est au tour de George Sand de se mobiliser.
Patrick Scheyder revient sur cette histoire méconnue, à même d’inspirer les jeunes générations (et les moins jeunes), qui trouveront dans cette ZAD du siècle romantique les racines d’une conscience sensible de la nature.