Croire en la magie de la nature
Entretien avec Jean-Marc Rochette
Jean-Marc Rochette est un artiste unique qui entretient un lien viscéral avec la montagne et la nature. En 2022, il annonce se retirer du monde de la bande dessinée.
Originaire de Grenoble, Jean-Marc Rochette se destinait au métier de guide de haute montagne. En 1976, après un grave accident dû à une chute de pierre, il délaisse l'alpinisme et devient auteur de bande dessinée.
En 1984, il crée avec Jacques Lob, le premier tome de la série Transperceneige. Après une incursion en jeunesse, il revient à la science-fiction à la fin des années 1990 en reprenant Le Transperceneige et en créant Le Tribut avec Benjamin Legrand.
Les années 2000 seront marquées par la collaboration avec René Pétillon (Panique à Londres, Scandale à New York, Triomphe à Hollywood) et des titres qui explorent la veine humoristique (Cour royale avec Martin Veyron, Himalaya Vaudou avec Fred Bernard).
En 2009, Jean-Marc Rochette s'installe à Berlin et se consacre, pendant sept ans, presque exclusivement à la peinture. L'adaptation cinématograhique de Transperceneige (Snowpiercer) par le réalisateur coréen Bong Jon-ho en 2013, donne un nouvel élan à la carrière de l'artiste qui publie le final de Transperceneige, Terminus (2015) et son autobiographie Ailefroide (2018), en collaboration avec Olivier Bocquet.
Installé depuis 2017 dans la vallée du Vénéon, au hameau des Étages, il s'est remis à l'alpinisme et partage son temps entre la peinture, le dessin et l'écriture. Son roman graphique Le Loup, bestseller vendu à plus de 70 000 exemplaires, célèbre ce nouveau territoire et questionne les sujets qui lui sont chers : la haute montagne, l'écologie, la quête d'une harmonie entre l'homme et la nature.
Après la monographie Vertiges parues aux éditions Daniel Maghen en 2019 et le Manifeste pour peindre le bleu du ciel, livre d'entretiens sur la peinture et le paysage réalisé avec le critique Fabrice Gabriel, il s'est attelé à la création de La Dernière Reine.
Les bandes dessinées de Jean-Marc Rochette constituent une magnifique ôde à la montagne et interrogent notre relation à tout ce qui nous entoure.
Gueule cassée de 1914, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu des artistes de Montmartre.
En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué quand il était enfant. Au cœur du Cirque d'Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d’œuvre qui la fera reconnaître.
Dans la veine des grands romans feuilletons du 19e, La Dernière Reine croise les destins du dernier ours du Vercors et d’Édouard Roux. Comme précédemment dans Le Loup, homme et animal se confrontent dans un récit puissant, mêlant questionnements écologiques, féminisme, histoire d'amour et histoire de l'art.
Comme dans son précédent album, l’action se déroule au cœur du Massif des Écrins, dans la vallée du Vénéon. Un grand loup blanc et un berger vont s’affronter passionnément, jusqu’à leurs dernières limites, avant de pactiser et de trouver le moyen de cohabiter.
Jean-Marc Rochette célèbre une nouvelle fois la haute montagne, sa beauté, sa violence ; l’engagement et l’humilité qu’il faut pour y survivre. Il tente aussi, par la fiction, de trouver une porte de sortie au conflit irréductible de deux points de vues, justes l’un et l’autre : les bergers qui veulent protéger la vie de leurs bêtes, les parcs qui tentent de sauver des espèces en voie d’extinction.
Récit initiatique d'un gamin qui se rêvait guide et qui devient dessinateur, Ailefroide est tout à la fois une célébration de l'alpinisme, une déclaration d'amour à la haute montagne et une leçon de vie.
De Grenoble à la Bérarde en mobylette. Des rappels tirés sur la façade du Lycée Champollion. Avec l'exaltation pure qui tape aux tempes, quand on bivouaque suspendu sous le ciel criblé d'étoiles, où qu'à seize ans à peine on se lance dans des grandes voies.
La Dibona, le pilier Frendo, le Coup de Sabre, la Pierre Alain à la Meije, la Rébuffat au Pavé : le Massif des Écrins tout entier offert comme une terre d'aventure, un royaume, un champ de bataille parfois. Car la montagne réclame aussi son dû et la mort rôde dans les couloirs glacés.
Bande dessinée majeure des années 80 créée par Jean-Marc Rochette et Jacques Lob, reprise à la fin des années 90 pour deux volumes supplémentaires par Benjamin Legrand après le décès de son scénariste, la trilogie du Transperceneige est adaptée au cinéma (Snowpiercer) par le plus célèbre des cinéastes coréens, Bong Joon-ho. Trente ans après sa création, le Transperceneige n’a rien perdu de sa puissance et de sa singulière modernité.
Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s’est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait.
Miraculeusement, une toute petite portion d’humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mu par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco.
Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l’ultime échantillon de l’espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n’ont rien eu de plus pressé que d’y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l’oppression politique et du mensonge religieux…
Octobre 2024. Entre le parti de la Légitimité Blanche et l'organisation terroriste de l'Hydre, une menace imprécise pèse sur le monde. Le journaliste Malcom Lean, mandaté par les États-Unis d'Afrique, enquête dans le Zurich dépeuplé d'un vingt et unième siècle aseptisé...
Initialement parue en 1986, à l’époque où le mensuel de Casterman est à son zénith, cette anticipation d’une troublante clairvoyance dessine un portrait crépusculaire et saisissant du déclin de l’Occident blanc.