Chloé Jeanne collabore avec le vivant. Artiste plasticienne, elle crée des installations à partir d’organismes comme le mycélium ou des bactéries. Sa pratique cherche à jouer avec nos perceptions et nos sens, notamment notre odorat, pour façonner de nouvelles relations au monde.
Façonnant des capsules olfactives ou des peintures solubles qui se modifient en raison de changements de températures ou de luminosité, l’artiste tisse des liens d’intimité et de proximité avec des êtres microscopiques ou auxquels nous n’apportons habituellement que peu d’attention.
En 2021, Chloé Jeanne est l’une des lauréates du prix “Planète solidaire”, porté par l’association Art of Change et l’entreprise Ruinart.
Elle a également exposé à la Fondation LAccolade – Institut de France, à l’Alliance Française de Malaga en Espagne, à la Casa de Velázquez et lors de sa résidence Mode d’Emploi, à l’octroi de Tours en 2022, elle crée le projet L’Effluve des fleuves où elle dessine le portrait de la Loire à travers une expérience visuelle et olfactive.
Son travail, au croisement de la science, du design et des arts, permet ainsi de remettre en question et changer nos approches anthropocentrées.
Que vous inspire le monde ?
J’aurais tendance à dissocier mes visions personnelles et artistiques. Si j’aimerais que les deux soient symbiotiques, cela demeure néanmoins très compliqué.
Sur le plan personnel, je ne suis pas très rassurée. Je n’ai pas encore 30 ans et j’ai beaucoup de mal à imaginer ce que pourrait être un avenir possible… Alors même que mon devoir, en tant qu’artiste, consiste à imaginer des futurs possibles !
Je garde espoir en pensant à la bienveillance dont nous sommes capables et à une prise de conscience plus forte des chocs socio-écologiques actuels. Récemment, je me suis également intéressée à la notion du soin, le soin à soi, aux autres, à tout ce qui nous entoure. Ce concept me semble avoir le pouvoir de changer le cours des choses.
Le soin peut notamment nous guider pour savoir comment nous réintégrer au monde dont nous nous sommes tant éloigné et au sein duquel nous agissons parfois comme des électrons libres, comme si nous vivions hors-sol.
Et votre vision d’artiste ?
Ma démarche artistique est une façon de m’adapter à un monde qui ne me correspond pas. Cela me permet de l’aborder par des prismes et des approches que j’ai la liberté de choisir. J’ai ainsi le sentiment de retrouver et de jouir d’un pouvoir d’action en suscitant par exemple de la curiosité chez les autres.
Comment pouvons-nous nous réintégrer au monde ou, pour reprendre le terme de Timothy Morton, au grand maillage qui le constitue ?
Déjà, je dirais qu’il faut abandonner au plus vite l’idée selon laquelle l’humanité s’en sortira forcément face aux catastrophes en cours. Il faut oser affronter les scénarios où malheureusement nous ne nous en sortirons pas.
C’est d’ailleurs pourquoi les notions de postérité et d’éternité ne me parlent pas. Ensuite, il s’agit de savoir quelle place nous occupons dans ce grand maillage. Nous ne sommes pas au-dessus de la mêlée, dans un rapport vertical, de dominants / dominés. Faire partie du maillage suppose de l’horizontalité.
La philosophe et psychologue Vinciane Desprets affirme qu’il faut parvenir à se mettre à la hauteur des choses. Or, trop souvent, notre regard investit le réel verticalement plutôt qu’horizontalement. Je prends un exemple trivial.
L’autre jour, en forêt, je me suis rendue compte que mon amie regardait en l’air, la cime des arbres, les troncs élancés, alors que je regardais davantage le sol, mon travail me portant plus volontiers vers les champignons, l’humus, les feuilles mortes en décomposition…
Nous pouvons tous ressentir ce lien au grand maillage. Quand nous exprimons l’envie et même le besoin d’aller en forêt, à la mer, à la montagne, nous souhaitons maintenir cette relation viscérale à la nature et au monde. Néanmoins, cette dernière ne se manifeste que de façon épisodique et non de façon continue.
À travers mes œuvres, en collaborant avec le vivant et en rendant visible ce qui sinon passerait inaperçu, je participe aussi à le ramener à notre hauteur. Plus profondément peut-être, c’est ici la notion de partage qui est en jeu.
Lors de l’exposition Mycélium, Poïétique des formes vivantes, Chloé Jeanne a exposé des œuvres qui permettent de tisser des liens avec des êtres vivants souvent ignorés voire déconsidérés.
Ainsi, avec In Process, elle donne à voir un sac de culture rempli de pleurotes roses qui, au fil de l’exposition, poussent et finissent par percer leur habitat temporaire.
Avec Prototaxites, colonnes, l’artiste collabore avec les prototaxites, d’étranges fossiles, mi-arbre, mi-champignon qui, au Dévonien et au Silurien (entre 420 et 350 millions d’années), et du mycélium afin d’explorer l’idée de symbiose et ainsi proposer une représentation inspirée de ces curiosités biologiques.
Enfin, ses Tapis d’éveil, des moquettes sur lesquelles du mycélium grandit et recouvre partiellement la surface. Ici, la force génitrice émane du vivant et se déploie très différemment selon l’humidité, l’exposition à la lumière, les flux d’air… Et également selon la puissance de vie des champignons qui dessinent ainsi des formes non anticipées et non prévisibles.
Le vivant fait sa part du travail. Plus encore, en se développant le mycélium digère les colorants chimiques des moquettes et les fait disparaître. La collaboration est totale, esthétique et écologique car il est capable de dépolluer les sols !
Si la notion de partage est plutôt évidente quand il s’agit d’évoquer une relation entre des êtres humains ou certains animaux domestiques comme un chien, cela est beaucoup plus ardu à envisager avec un champignon, de la mousse ou une araignée par exemple. Comment le partage peut-il devenir l’approche première de notre rapport au monde ?
L’exemple du chien est intéressant car je crois précisément que le partage est déséquilibré. Nous savons pertinemment que ce sont les humains qui contrôlent l’animal. Or, la question que je pose est : de quel droit pouvons-nous exercer ce pouvoir sur lui ?
Pour certains, je remarque qu’il demeure parfois difficile de reconnaître qu’ils sont doués d’intelligence et de sensibilité.
Et d’ailleurs, même si cette reconnaissance existe, appuyée par des connaissances scientifiques qui démontrent régulièrement les capacités des animaux et végétaux, la relation que nous entretenons avec eux reste toujours asymétrique.
Ainsi, il ne s’agit pas simplement de reconnaître leurs capacités cognitives et sensibles. Jusqu’à récemment par exemple, j’étais persuadée que le chant des oiseaux n’existait qu’à des fins précises. Pourtant, le chant des oiseaux n’est pas uniquement utile, il peut être réalisé par pur plaisir.
Or, cette notion de plaisir pour définir le comportement des animaux demeure encore difficile à accepter, comme si les animaux et végétaux ne vivaient que pour leur survie. C’est parfois vrai bien sûr mais cette interprétation n’est pas universalisable.
Nous voyons bien que la question de l’utilité cadre nos rapports aux animaux et végétaux. Par exemple, pourquoi défendons-nous un arbre menacé d’être coupé ?
Souvent parce que nous pensons qu’il est utile ou qu’il est beau… Et non pas parce que nous pensons profondément qu’il a le droit d’être là ! Heureusement, cette reconnaissance de la place du vivant ne cesse de grandir et se diffuse peu à peu dans la société.
Il est vrai que nous avons surtout retenu du darwinisme la lutte des êtres vivants pour leur survie. D’ailleurs, tel que nous l’apprenons à l’école ou à travers des documentaires, l’émerveillement que nous procurent le règne du vivant vient souvent de leur capacité à résister à des conditions écosystémiques difficiles…
Oui et de façon générale, ces termes de lutte ou de résistance symbolisent un rapport à la nature qui est parfois très violent.
Toujours lors de balades en forêt, je vois des gens qui arrachent des feuilles pour les sentir. Ils le font pour être plus proche des fleurs ou des végétaux mais ce contact se fait ici à l’occasion d’une amputation.
J’aime plutôt penser qu’un insecte qui se poserait sur notre bras nous utiliserait comme moyen de locomotion…
Je dis ça sur le ton de l’humour mais cela ouvre néanmoins des espaces de pensée qui peuvent être pertinents pour donner vie à un nouveau rapport au monde.
Pour tenter de renouer une relation avec les animaux et les végétaux, suffit-il de se mettre à leur place ?
Tout d’abord, je trouve dommage qu’il soit nécessaire de se mettre dans la peau de quelqu’un pour le considérer. Néanmoins, difficile d’entrevoir des alternatives…
Cela renvoie à la notion de compassion. A quel moment avons-nous de la compassion pour d’autres êtres humains, animaux, végétaux ou même un paysage, c’est-à-dire un écosystème ? C’est complexe.
Quand un autre être humain subit une douleur que nous avons déjà vécu, la compassion est comme immédiate. Mais parvenons- nous vraiment à nous mettre à la place d’une fougère ? Le pouvons-nous vraiment ?
Je suis convaincue que la science et des expériences artistiques peuvent nous aider à mieux réaliser ce travail de compassion. Je réalise par exemple des œuvres avec du mycélium qui est la partie souterraine des champignons, leur appareil végétatif à partir duquel ils se développent.
Ainsi, en l’exposant je crée un espace-temps où les visiteurs peuvent entrer en relation avec lui, ils doivent s’en rapprocher pour mieux le voir et le sentir. Certains doivent dépasser leurs appréhensions car ils y sont allergiques ou n’aiment pas la texture quand ils en mangent.
Mes installations permettent de les aborder dans un autre contexte, de contourner certains a priori et donc de développer une relation très différente avec eux.
Concernant ces organismes vivants, vous mentionnez les a priori, qui tiennent souvent à leur aspect ou leur odeur que nous jugeons désagréable. Évacuez-vous la notion de beauté de votre pratique ?
À titre personnel, je l’évacue complètement car je trouve qu’elle a tendance à enlever de la complexité aux œuvres que je réalise. De la même façon, je n’ai pas non plus la volonté de faire des œuvres qui soient les plus impressionnantes ou les plus massives possibles.
Je recherche avant tout à perturber le visiteur, en toute bienveillance, en passant par exemple d’une appréhension à une curiosité accrue.
Je mentionnais l’exemple du mycélium. Quand les visiteurs comprennent que ce sont des œuvres olfactives, ils vont parfois se mettre à tout sentir autour d’eux. Leur comportement change et se met à faire écho à l’animalité qui réside en nous. Il redécouvre ainsi ce qui les entoure en mobilisant d’autres sens.
D’ailleurs, les réactions très différentes des visiteurs m’intéressent car elles soulignent que mes œuvres ne sont pas universelles, qu’elles peuvent s’inscrire en faux par rapport à leurs attentes initiales ou qu’elles se situent dans un décalage permanent par rapport à nos conceptions.
Cette posture de Chloé Jeanne me fait penser au concept de littérature mineure développée par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Ils affirment en effet dans leur ouvrage Kafka : Pour une littérature mineure, que celle-ci est non seulement transgressive mais potentiellement révolutionnaire car elle désigne l’expression d’une minorité dans une langue majeure, celle la plus largement acceptée.
Ainsi, en choisissant sciemment de ne pas viser le consensus, l’artiste cherche à créer des brèches émotionnelles et intellectuelles stimulantes dans notre rapport vicié au monde…
Pour y parvenir, c’est-à-dire pour bifurquer, il faut trouver les moyens esthétiques et expérientiels de s’éloigner des idées préconçues, de la doxa et des fausses représentations. Chloé Jeanne nous invite par exemple à nous interroger sur l’image et la relation que nous avons d’êtres vivants microscopiques et souvent invisibles.
Avec son œuvre Spores, elle a prélevé des champignons en milieu naturel et les a disposés sur des feuilles noires le temps d’une nuit. Vivants, ces champignons relâchent leurs spores, leurs éléments reproducteurs, et dessinent des spectres poétiques, fantomatiques mais bien réels.
Parmi tous nos sens, vous travaillez beaucoup celui de l’odorat. Pourquoi ?
Un parfumeur disait que les odeurs sont des micro-particules qui entrent en nous et nous colonisent, devenant finalement une partie de nous. Or, au quotidien, nous ne choisissons pas nécessairement les odeurs que nous sentons, elles s’imposent à nous.
Ce fut l’une des grandes expériences lors de la pandémie avec nos masques qui nous empêchaient de sentir le monde. Or, les interconnexions qui se créent par les odeurs sont passionnantes.
D’ailleurs, pour se réintégrer au monde, l’éveil olfactif devrait être réalisé dès l’école primaire… Partir en classes vertes pourrait également faire partie d’expériences fondatrices.
Aux Beaux-Arts, quand j’ai commencé à travailler avec des organismes vivants, certains de mes collègues d’atelier disaient que cela sentait la poubelle car je mettais des champignons sous bâche. Or, ces odeurs sont associées au détritus et renvoient à la décomposition… Mais la décomposition, c’est la vie !
C’est notamment à partir de ce moment-là que j’ai voulu comprendre les matières et collaborer avec ces organismes. De la même façon, quand nous mangeons, nous oublions que tout circule, que nous sommes façonnés par des flux.
D’ailleurs, je trouve qu’il est rassurant de penser que nous ne sommes pas une unité monolithique et pure. Nous ne sommes jamais seuls. Nous sommes peuplés d’organismes vivants, eux-mêmes en interaction constante avec d’autres êtres et présences.
Existe-t-il un lien entre l’infiniment petit de certaines de vos œuvres, comme le travail autour de boîtes de Pétri qui contiennent des bactéries, et l’infiniment grand ?
Le mycélium est pour moi un concept et un modèle de vie. Il s’accroche à d’autres végétaux, il décompose des cadavres d’insectes pour obtenir des nutriments, il capte également ces derniers de certains arbres en meilleure santé pour les redistribuer à d’autres.
Il y a chez le mycélium une forme de désintéressement au profit qui est très stimulante intellectuellement. Il partage, répartit les richesses, donne sans recevoir… C’est une prise de risque incroyable !
Il se définit plus par ce qu’il apporte aux autres que par son individualité car il est ramification. Alors, rêvons et imaginons que notre monde soit régi par ces valeurs…
Cette idée selon laquelle les êtres humains ne sont pas seuls mais en permanence entourés d’autres êtres vivants se retrouvent dans les écrits de nombreux auteurs. Dans son ouvrage Jamais Seul, Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations, Marc-André Selosse met en lumière l’omniprésence des microbes et toutes les symbioses qu’ils permettent.
D’autres auteurs comme Baptiste Morizot remettent en cause la vision d’Albert Camus où l’humanité perdrait le sens de la vie car étant livrée à elle-même, seule. En réalité, la reconnaissance et les liens que nous tissons avec tous les autres êtres vivants nous aident, notamment psychologiquement, à vivre plus en harmonie avec le monde et avec nous-mêmes.
Chloé Jeanne n’hésite pas à collaborer avec des organismes vivants qui pourraient nous apparaître de prime abord comme dégoûtants. Ainsi, dans son œuvre Chardons, elle enduit des lanternes chinoises de moisissures qui peu à peu envahissent toute la surface tel un nid d’insectes.
Ces moisissures, qui ont pourtant mauvaises réputations, font alors penser à de magnifiques pierres rondes aux aspects et aux couleurs attrayantes. Il y a ainsi dans le travail de Chloé Jeanne la capacité de transformer le mal-aimé ou l’ignoré en un élément attirant, sur lequel notre attention se porte avec empathie.
Néanmoins, est-il possible de conserver des relations horizontales et équilibrées alors que c’est vous, une humaine, qui décidez d’utiliser ces organismes, non humains, pour en faire quelque chose ?
C’est une question d’approche. Il faut considérer ces organismes, accepter d’être dans des relations de proximité et d’intimité avec eux. Je me sens concernée par leur vie, leur développement, leur mort.
De la même façon, quand nous apprenons la survenue de catastrophes environnementales dans un autre département que le nôtre, nous sentons-nous vraiment concernés ? La plupart du temps, je crois pouvoir dire que non. Ainsi, comment créer de l’intimité ?
C’est cette question que je poursuis et qui me sert de moteur pour créer des récits et des œuvres. Je sais, par expérience, que ces espaces d’intimité et de proximité font du bien. C’est comme les ondes ou les énergies d’une pièce que nous apprécions chez soi, dans un quartier d’une ville, d’une personne à nos côtés.
Je suis très attentive à cela et c’est pourquoi le vivant dans mes œuvres reste et demeure… vivant ! Si nous le côtoyons de façon figée ou morte, nous enlevons la possibilité de tisser une relation de compassion avec lui.
Quelque chose de l’ordre de l’affection doit pouvoir se développer, ce qui est le cas quand le public peut voir mes œuvres grandir, constater quand elles souffrent de la chaleur, quand elles vieillissent et commencent à se décomposer…
Que permet cette approche par l’intime et la proximité ?
J’ai par exemple travaillé avec des matières comme le scoby ou le blob. Souvent, les gens les trouvent intriguantes visuellement mais quand ils les touchent, ils sont immédiatement dégoûtés… Puis, finalement, ils y retournent. Parfois, ce qui nous repousse finit par nous attirer.
Ainsi, qu’est-ce que le dégoût ? Je donne la possibilité aux gens de toucher ces matières, de les sentir, de s’en approcher. C’est une façon de revenir à des jeux d’enfant où nous testions le monde par le toucher, en sentant les objets.
Nous retrouvons ici également notre rapport au savoir et à l’expérience. Vous pouvez dire à une personne qu’il n’y a pas de risques mais tant qu’il n’y a pas d’expériences vécues, difficile de penser que son avis changera, sur la simple base d’une argumentation.
Ainsi, je considère que les expériences et les expérimentations priment toujours sur le résultat. C’est également une façon de désacraliser l’art pour casser des approches parfois trop élitistes qui se font quasiment uniquement par le savoir et l’érudition.
Votre pratique sous-entend-elle une refonte de la façon dont les institutions exposent vos œuvres d’art ?
Oui car aujourd’hui certaines institutions refusent de faire entrer des organismes vivants dans leurs lieux en raison de leur matérialité, des questions sanitaires qu’ils posent car les musées sont souvent synonymes d’environnements aseptisés.
Mon art répond également à une temporalité qui est en déphasage total avec notre époque. Si une institution me demande une œuvre en mycélium pour une exposition dans deux mois, je ne peux pas la réaliser.
Plus précisément, je pourrais le faire mais il faudrait mettre en place un système de croissance optimal pour accélérer son développement. Or, je le refuse.
Respecter cette temporalité est une exigence forte et peut me priver de certains projets mais j’y trouve une forme d’apaisement à m’y tenir.